Du thé et des pagnes

du 9 au 22 mai.

J’ai vraiment l’impression que mon rythme de tourisme s’accélère à mesure que je me rapproche de la fin, alors qu’on aurait pu s’attendre à l’inverse. C’est tant mieux mais je vais rentrer crevé !

Alors que j’étais à peine rentré de Kyoto mon oncle et ma tante m’ont proposé de m’emmener visiter le Tohoku, la région qui avait été ravagée par le tsunami de 2011.

Notre premier arrêt se fait au niveau de la baie de Matsushima, réputée une des plus belles du Japon. Le temps est pourri mais on devine assez facilement ce que ça doit donner pas jour de grand soleil !

La baie de Matsushima et ces nombreuses petites îles.
La baie de Matsushima et ces nombreuses petites îles.

Le soir nous dormons dans un ryokan, une auberge traditionnelle japonaise. On y dort dans de grandes pièces entourées de cloisons coulissantes en papier de riz. Le sol est couvert de tatami et un futon remplace le lit. Un couloir court tout autour de la pièce et quand on le découvre pour la première fois en faisant coulisser une cloison il a tout du passage secret !

Une chambre dans un ryokan. L'immersion est totale !
Une chambre dans un ryokan. L’immersion est totale !

Cerise sur le gâteau, notre hôte est maître de cérémonie du thé et il nous propose une initiation. On enfile donc des sandales de bois pour se rendre dans un minuscule bâtiment au milieu d’un jardin à la japonaise où notre hôte nous fait entrer un par un par une porte de 50cm de haut. Il nous invite à nous installer à des endroits très précis, repérés en contant les lignes des tatami, et nous fait mettre en seiza, la façon traditionnelle de « s’asseoir » au Japon : en gros on est à genoux et sans entraînement ce n’est pas évident d’y rester longtemps. Je suis placé le plus proche de lui, sans doute parce que je suis sensé être celui qui comprend le mieux le japonais, soit vraiment pas beaucoup. En tout cas cela signifie que c’est moi qui vais devoir tout faire en premier en essayant de comprendre ce qu’il me baragouine en japonanglais.

Notre maître de cérémonie du thé et ses instruments.
Notre maître de cérémonie du thé et ses instruments.

 Tout d’abord le maître de cérémonie apporte une assiette où sont rangés sept beaux mochi, des sortes de gâteaux à base de riz gluant. Il pose le plat devant moi et m’explique ce que je dois faire : d’abord je préviens (en japonais) mon voisin que je vais manger avant lui, puis je saisi les baguettes par une succession de gestes compliqués, j’attrape un mochi, le pose devant moi, je nettoie les baguettes avec ma serviette et je passe avec cérémonie l’assiette à mon voisin qui répète la même procédure jusqu’à ce que chacun ait été servi. Quand ce fut le tour de ma petite cousine encore assez malhabile avec les baguettes il nous était interdit de l’aider autrement que par la parole et le processus fut plutôt amusant !

Ce fut ensuite au tour du thé d’être servi. Notre hôte préparais chaque tasse presque religieusement et chacun notre tour nous dûmes aller chercher la tasse en restant en seiza et en nous déplaçant avec les poings un peu comme les cul-de-jatte de la cour des miracles avec leurs fers à repasser, demander à notre voisin de droite s’il en voulait encore, prévenir notre voisin de gauche que nous allions boire avant lui, goûter une gorgée, assurer notre hôte que c’était très bon, finir le bol et le ramener, le tout sous les fous-rires de plus en plus durs à réprimer.

La cérémonie du thé ne s’arrête pas pour autant une fois que chacun à bu son bol de thé. Il faut ensuite que quelqu’un (moi) pose des questions au maître sur tous les objets de la salle : la petite cuillère en bambou dont il se sert pour prélever la poudre qui compose le thé, la boîte où est rangé le thé, les fleurs et la tapisserie qui décorent et l’encens qui parfume. Pour chacun de ces objets le maître explique de quoi il est fait et d’où il provient puis il nous fait passer la cuillère et la boîte de thé pour que chacun notre tour nous puissions l’observer d’une façon là encore très codifiée, et surtout sans oublier d’avertir notre voisin que nous allions le faire avant lui.

Le lendemain nous allons voir une statue géante de Kannon, une des divinités bouddhistes les plus célébrées au Japon. La statue est creuse et elle est remplie de … statues !

Statue de Kannon, divinité bouddhique imposante !
Statue de Kannon, divinité bouddhique imposante !

Nous finissons notre séjour en longeant les rivages qui ont été ravagées par le tsunami quatre ans plus tôt. On devine assez bien les dégâts qui ont été causés en voyant à quel point le coin est plat. Pourtant sur place, en dehors de quelques rares vestiges bien cachés, principalement les fondations de bâtiment dont les décombres ont été enlevés, et une atmosphère de friche agricole, il ne reste pas grand chose pour témoigner de ce qui s’y est passé il n’y a pas si longtemps.

Le mardi qui suit quelques collègues avaient prévu de m’emmener assister à une journée du tournoi de sumo qui s’étend sur toute la première moitié du mois de mai. Seulement pas de chance toutes les places ont été vendu dès huit heures du matin et il faudra donc revenir. C’est finalement dans un maid-café que nous finirons notre après midi. Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas le concept il s’agit d’un café où les serveuses sont des jeunes filles habillées en soubrettes qui parlent de façon enfantine en vous appelant « maître ». La décoration est hyper kikou, on chante des chansons kikous pour donner du goût à nos boissons elles même bien kikoues. Malheureusement les photos sont interdites, il vous faudra donc imaginer.
C’est un peu dérangeant et je ne compte pas y retourner mais pour être tout à fait honnête ce n’est pas aussi dégradant que ce à quoi je m’attendais, ça tient plus de la régression kikoue que de la maison close.

Ce week-end là dans le quartier d’Asakusa dont j’ai déjà parlé ici à lieu un festival Shinto : les Sanja Matsuri, que mon japonais approximatif traduirait par festival des trois sanctuaires. Avec quelques amis nous assistons donc au défilé d’une centaine de sanctuaires portatifs ou Mikoshi, posés sur les épaules de japonais de tous âges en costume traditionnel.

sanja matsuri
Procession des sanctuaires portatifs à travers les rues d’Asakusa. Chaque quartier à son propre Mikoshi.

Pleins de petites échoppes ont été montées un peu partout et proposent des brochettes de poulpes, toutes sortes de coquillages bizarres et de légumes non identifiés.

foulematsuri
Dans le sanctuaire. D’avantage encore que dans le métro on réalise que le Japon est un pays peuplé !

 Le vendredi suivant rebelote, nous allons à Tokyo avec mes collègues essayer d’avoir des places pour ce tournoi de sumo. Mais cette fois pour mettre toutes les chances de notre coté nous prenons le premier train ce qui me fait me lever à 4h30 mais la suite en vaudra le coup. Nous arrivons sur place à 6h et nous avons tout juste le temps d’acheter deux ou trois trucs à grignoter et quelques bières avant de prendre place dans la file qui est déjà conséquente. Deux heures plus tard nous avons notre ticket qui nous permet d’accéder à une place au tout dernier rang de l’immense arène.

L'arène encore vide.
L’arène encore vide.

Le tournoi est organisé sur 15 jours plein et chaque sumo participe à un seul match chaque jour. Les premiers match sont ceux des débutants, l’arène est alors quasiment vide. Les sumo sont répartis en deux équipes : Higashi et Nishi : Est et Ouest. Avant chaque match un « héraut » faute de meilleur terme, annonce en chantant le nom du sumo pour chaque équipe puis les sumo entrent sur le « ring ».
Ils vont d’abord dans un coin dans le dos de l’arbitre où ils saluent le public en levant puis rabaissant une jambe. Pour les matchs de plus haut niveau ils prennent un poignée de sel, s’en mettent dessus et en lance sur le ring en allant se positionner au centre.
Là ils se mettent en position et si les deux sont prêt au même moment, c’est à dire s’ils frappent le sol ensemble, le match peut commencer. En pratique ça n’arrive quasiment jamais. Ils jaugent un peu leur adversaire puis retournent dans leur coin pour un nouveau salut et une nouvelle poignée de sel et ce jusqu’à ce que l’arbitre signale que maintenant il va falloir s’y mettre. Ils se mettent alors en place et l’un des sumo pose le poing au sol. Le combat commence quand l’autre pose également le sien.
Les combats sont souvent extrêmement rapide. Pour gagner il faut faire sortir son adversaire du ring ou lui faire toucher le sol.

L'amour extra large !
L’amour extra large !

Un des trucs que j’ai trouvé intéressant c’est que les gens ne viennent pas seulement pour voir les sumo, les arbitres et les hérauts aussi ont leurs fans ! Ils changent régulièrement et tout comme pour les sumo, les moins expérimentés font les premiers matchs et plus on avance dans la journée plus ils sont reconnus.

Le sommet du tournoi c’est l’entrée et les combats des makuuchi, les sumo les plus doués. Ils entrent par équipe dans l’arène avec des tabliers aux motifs très recherchés et forment un cercle pour saluer le public, l’arbitre et leurs adversaires.

L'entrée des makuuchi, les meilleurs sumo du tournoi.
L’entrée des makuuchi, les meilleurs sumo du tournoi.

Juste après eux entrent les yokozuna, ce sont les plus grands sumo du moment. Il n’y a pas vraiment de critère pour devenir yokozuna mais on considère généralement qu’il faut avoir gagné au moins deux tournois consécutifs (il y en a sept par an). Le titre n’est pas remis en jeu mais obtenu pour toute la carrière du sumo. Il y en a actuellement trois dont deux participaient au tournoi. Fait amusant : aucun d’entre eux n’est japonais ! En fait les trois sont mongols, comme beaucoup d’autres makuuchi. En entrant ils font une sorte de danse assez impressionnante et étonnamment gracieuse :

Et en bonus la fin du combat du yokozuna Harumafuji (celui qui danse dans la vidéo précédente, à droite).

Mon séjour au japon touche à sa fin mais j’ai encore pas mal de choses à vous raconter ! Je sens que ça va être dingue jusqu’au bout !

Une réflexion sur « Du thé et des pagnes »

  1. Tu honores le club Gros a aller voir combattre ces maigrichons! Voila un sport intelligent! Dire que pendant que certains font du sport pour pouvoir maigrir, d’autres grossissent pour pouvoir faire du sport…
    Bon appetit

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