Que la montagne est belle

Du 11 au 24 avril.

Reprenons le récit de mes aventures nippones. Je vous avais laissé à la fin de la semaine de rentrée lors de laquelle j’avais pu faire connaissance avec quelques étudiants étranger. C’est avec eux que commence ce nouvel épisode.

Le samedi matin alors que je n’avais pas encore décidé de mon programme de la journée et que j’étais pris d’une flemme phénoménale j’ai reçu une invitation de Tabitha ma nouvelle pote Kényane et de Merle (prononcer en Mâle) ma nouvelle pote sud-africaine pour un bon gros brunch à s’exploser le bide en compagnie de Bibek mon nouveau pote indien. C’est cool l’international !
Du coup ça m’a permis de fixer un programme à la fois léger et sympa pour la journée : j’ai fait guide touristique (en fait principalement pratique, il n’y a pas grand chose à voir à Kashiwa).
Et puisque je ne devais pas être trop mauvais dans ce boulot mes services ont été à nouveau demandés le lendemain dans Tokyo, où mes amies africaines voulaient trouver une messe, ce qui nous a donné un bon prétexte pour se balader dans Roppongi, quartier des beaux hôtels et des galeries d’art contemporain et Akihabara le quartier électronique dont j’ai déjà un peu parlé.

Tabitha et Merle dans l'ambiance folle d'Akihabara.
Merle et Tabitha dans l’ambiance folle d’Akihabara.

Dans la semaine qui a suivi j’ai eu mon premier cours de kanji (les idéogrammes dont les japonais se servent pour écrire la plupart des mots). L’aspect amusant de ce cours c’est qu’on apprend en les traçant au pinceau. On utilise pour ça un papier spécial dont la couleur fonce quand on y passe un pinceau imbibé d’eau, ce qui permet de travailler sans en mettre partout et de réutiliser les feuilles. Ce cours est vraiment génial, à la fois totalement dépaysant, on se retrouve plongé dans l’histoire du japon, et super relaxant parce que ça faisait longtemps que je n’avais plus joué avec un pinceau en cours !

Le retour du beau temps est encore approximatif mais ça n’empêche pas les japonais d’en profiter et c’est la saison des barbecues qui commence. Avec mes collègues nous avons fait le nôtre sur les toits du labo et sous une pluie trop petite pour nous décourager. Puisque le principe des récits de voyage c’est de comparer pour savoir si en plus d’avant c’était aussi mieux ailleurs, comparons. Au japon c’est une constante il est très difficile de trouver un aliment gros. Du coup la viande est en tranches toutes fines qui ne nourrissent pas. Mais les japonais se rattrapent en ne faisant pas griller que de la viande mais aussi du chou (beaucoup de chou), des courgettes (denrée rare au japon) et à peu près tout ce qui leur passe par la main. Le tout arrosé de moult bière évidement.

Le samedi suivant je me suis réveillé aux aurores (enfin pas loin quoi) avec pour projet de gravir le mont Tsukuba, un massif montagneux à une heure au Nord-Est de chez moi. Un train, une navette et beaucoup trop de yens plus tard je me retrouve au pied de la montagne dans un petit village plein de charme  et de magasin d’omiage (souvenirs qu’il est culturellement obligatoire d’acheter à chaque voyage touristique). Le chemin de randonnée commence derrière un des plus beaux temples que j’aie vu jusque là.

Le portail du temple au pied du mont Tsukuba
Le portail du temple au pied du mont Tsukuba
Le temple au pied de la montagne, pour commencer son petit tour en beauté.
Le temple au pied de la montagne, pour commencer son petit tour en beauté.

L’avantage d’être parti tôt c’est qu’on peut prendre le temps de tout regarder et ça vaut le coût ! Mais je suis venu pour grimper donc c’est parti. Le mont Tsukuba n’est pas vraiment haut (877m) mais ça grimpe quand même assez sec. Pourtant ça ne décourage pas les japonais et les chemins sont bondés. Il y a notamment pas mal de personnes âgés qui avancent à deux à l’heure mais qui très gentiment me laisse passer d’un amical dozô (je vous en prie). C’est beau, il fait beau, ça fait du bien donc je suis heureux.

Un petit chemin qui monte dans la forêt.
Un petit chemin qui monte dans la forêt.

 Après une petite marche (moins d’une heure de mémoire) on arrive à un col entre les deux sommets aux noms amusant : 男体山 et 女体山 dont les kanji signifient respectivement homme/corps/montagne et femme/corps/montagne. De là je continue vers le premier, celui de l’homme qui est le plus proche et le moins haut. On y a une vue imprenable (et qui ne donne rien en photo) sur la plaine en contrebas. Au point le plus haut on trouve un petit sanctuaire. Peut être que les hommes viennent y déposer une pièce pour retrouver le corps de leurs vingt ans mais personnellement je suis jeune et pauvre donc je me contente de regarder.
Par soucis de parité et parce que la montagne est belle j’enchaîne sur le sommet féminin, point culminant du mont Tsukuba. En route je croise une occasion de vous parler d’une autre spécificité du Japon : les activités de publicité des entreprises. Pour se faire un coup de pub les entreprises japonaises demandent de temps en temps à leurs employés de faire une bonne action en portant les couleurs de l’entreprise. Ce jour là c’était Tsukuba express, une compagnie de transport dont les employés s’étaient dévoués pour nettoyer la montagne. Armés de sacs-poubelles et de pinces, en horde d’une cinquantaine d’employés et leurs familles, casquette Tsukuba express vissée sur le crâne ils parcouraient les chemins à la recherche de morceaux de papier.
Après une toute petite marche j’arrive au second sommet d’où la vue est à mon sens moins bonne mais qui est toutefois bien plus bondé que l’autre, sans doute un artefact de l’esprit grégaire japonais : escalader le mont Tsukuba = prendre une photo au point le plus haut.

Le petit sanctuaire en haut de la montagne.
Le petit sanctuaire en haut de la montagne.

Il faut maintenant redescendre mais comme il est encore tôt je choisis le chemin le plus long. C’est toujours aussi beau et un peu moins peuplé ce que j’apprécie grandement (l’agoraphobie est assez handicapante au Japon).

Sur le chemin du retour.
Sur le chemin du retour.

Le chemin me ramène au temple, dans un coin que je n’avais pas encore vu, avec de vieux bâtiments en bois peint magnifiques. Je croise même un samouraï que son Daimyo avait sans doute chargé de protéger le temple.

Annexes en bois peint du temple.
Annexes en bois peint du temple.
Un puissant guerrier !
Un puissant guerrier !

Le dimanche je suis allé voir le musée Edo-Tokyo qui retrace l’histoire de Tokyo. Au delà de son architecture particulière (particulièrement moche pour être précis) c’est un des plus beaux musées que j’aie vu. On y découvre à la fois l’histoire de la ville qui a commencé son développement comme fief du shogun avant de devenir la capitale impériale sous l’ère Meiji, mais on découvre aussi les conditions de vie de ses habitants et leur quotidien à travers de nombreuses reconstitutions grandeur nature. Pour moi c’est un des lieux incontournables d’une visite à Tokyo.

L'architecture intéressante du musée Edo-Tokyo
L’architecture intéressante du musée Edo-Tokyo
Reconstitution grandeur nature de la façade d'un théâtre de Kabuki.
Reconstitution grandeur nature de la façade d’un théâtre de Kabuki.

Pour cet article j’ai quelque peu dévié de ma ligne éditoriale puisqu’il ne sera pas publié le vendredi mais le samedi. Si c’est mal parce que c’était mieux avant ça me permet quand même de vous parler de ma soirée du vendredi soir. Mes amis internationaux ont organisé pour l’anniversaire de notre amie Merle et le mien une grosse bouffe avec des plats de plein de pays (en l’occurrence France, Chine, Inde, Kenya et Afrique du Sud) et les alcools qui vont avec. Notre doyen, un chercheur en architecture portugais nous a même offert un gâteau avec notre nom dessus, sans faute d’orthographe !

L'internationale du pétage de bide.
L’internationale du pétage de bide.
Merle et votre serviteur découpant le gâteau.
Merle et votre serviteur découpant le gâteau.

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