Le mardi c’est hanami

Du 28 mars au 10 avril.

Toujours au rythme effréné d’un article toutes les deux semaines voici la suite de mes aventures nippones.

L’épisode d’aujourd’hui commence un samedi matin très tôt. Yoshida, un des étudiants du labo avait décidé d’organiser le « first inviting Benoit tour » pour me faire découvrir un quartier de Tokyo. J’ai ainsi pu découvrir par la même occasion la façon japonaise d’organiser une balade touristique : l’exact opposé de la mienne. Pour proposer son activité, Yoshida a envoyé à tout le monde un document PDF avec un emploi du temps précis, et pour chaque endroit visité un lien vers un site style office du tourisme.
Nous sommes donc allés, trois étudiants et moi, à Tsukiji : un terre-plein bâtit sur la mer il y a de ça presque trois siècles et qui abrite le plus grand marché de poisson du monde.
Comme pour un japonais tourisme signifie bouffe nous avons commencé par prendre un « petit-déjeuner » dans un restaurant de sushi de luxe, rien à voir avec ceux que j’ai pu goûter en France !

Petit déjeuner de luxe.
Petit déjeuner de luxe.

Ça permet de bien démarrer sa journée. Une fois le ventre plein et le porte-monnaie allégé on déambule dans les rues bordées d’étals où se vendent toutes sortes de choses mais surtout des produits de la mer. Dans les rues on croise aussi de drôles de véhicules, entre le scooter et le pick-up. On arrive ainsi au marché couvert, le centre névralgique de la vente de poisson nippon. Dans une atmosphère glauque entretenue par l’absence de lumière, l’humidité et les étals en bois vétuste s’étalent à perte de vue des poissons de toutes les tailles et des vendeurs qui remballent le tout : il est 10h et c’est la fin, pour le poisson frais fallait se lever plus tôt (il faut arriver vers 5h du matin pour avoir le droit d’assister à la vente aux enchères des thons). Ça reste franchement intéressant et impressionnant.

Les véhicules étranges de Tsukiji.
Les véhicules étranges de Tsukiji.
Un bon gros poisson tout frais du jour.
Un bon gros poisson tout frais du jour.
Les étals du marché couvert.
Les étals du marché couvert.

Après le marché mes collègues m’ont emmené voir le jardin de Hama-rikyu, jardin familial des Tokugawa, la famille du shogun. C’est un grand parc sublime, très typique des parcs du japon : très entretenu, avec ses arbres taillés et ses pièces d’eau. Il est placé en plein cœur d’un quartier actif, avec d’immenses buildings, le contraste est saisissant. Au centre du jardin, au milieu d’un lac, une petite passerelle permet d’accéder au salon de thé du shogun.

Un contraste qui résume bien le japon.
Un contraste qui résume bien le japon.
Le salon de thé du Shogun.
Le salon de thé du Shogun.

Comme tout cela était épuisant nous sommes allés déjeuner. Au menu : des monja, une variante des okonomiyaki que j’ai présentés dans mon article précédent. La réalisation est un peu plus complexe mais heureusement nous avions avec nous Shinya qui est originaire d’Hiroshima, trait qu’il partage justement avec les okonomiyaki. C’était donc en professionnel qu’il nous a montré la façon correct de préparer ce plat subtil qui consiste en une soupe qu’on fait réduire dans un anneau de légumes sur une plaque chauffante avant de mélanger le tout. C’est franchement bon, mais pour le coup ça ne me semble pas évident d’exporter ça vers la France.

Shinya, fierté d'Hiroshima.
Shinya, fierté d’Hiroshima.
La soupe cuit dans son anneau de légume et de nouille.
La soupe cuit dans son anneau de légumes et de nouilles.

Les cerisiers dont les premières fleurs s’ouvraient timidement le samedi sont devenu magnifiques dès le lendemain, ouvrant la semaine des hanami. Littéralement hanami signifie contemplation des fleurs, sous-entendu les fleurs de cerisiers. Mais pour les japonais c’est surtout l’occasion de sortir une bâche bleue et de s’installer en famille ou entre collègues sous les cerisiers pour pique-niquer et souvent boire. C’est ce qu’on a fait avec le labo mardi. Après la réunion que nous avons tous les mardi pour faire le point sur ce qui a été fait, sur les articles qui ont été publiés sur la fusion dernièrement et fixer les objectifs de la semaine suivante, nous sommes allés tous ensemble nous installer sous les cerisiers dans le parc de Kashiwa pour picoler, discuter, grignoter et surtout prendre des photos. Et comme c’était sympa on a recommencé le soir, avec entre les deux quatre heures de boulot classique. Plutôt agréable comme coutume !

Pique-nique et picole sur la bâche bleu : c'est ça hanami !
Pique-nique et picole sur une bâche bleu : c’est ça hanami !
Sur le chemin du retour.
Sur le chemin du retour.

Le week-end suivant était celui de Pâques, et puisqu’on est encore dans l’octave j’en profite pour vous souhaiter un bonne fête de Pâques !
J’ai passé le dimanche chez mes cousins et on est allé ensemble visiter un monastère bouddhiste assez particulier puisque c’est ici que se forment les moines qui s’occuperont ensuite des divers temples et monastères de l’île. L’un de ces moines nous a proposé une visite guidée en anglais, un bon moyen de comprendre un peu mieux cette religion.
La journée du moine commence tôt le matin par 40 minutes de méditation suivies d’un petit déjeuner pas très ragoutant. Ensuite tous les moines se retrouvent pour la prière. Après ce sont les activités quotidiennes, principalement du nettoyage, tout est lavé plusieurs fois par jour dans le monastère. Le rythme continue ainsi : déjeuner, méditation, nettoyage, bain, dîner, méditation et au lit, enfin au futon.
Ce qui est étonnant c’est que les moines qui se forment ici pendant un temps qui va de six mois à dix ans ne sont pas moines à plein temps après. Celui qui nous faisait visiter par exemple est marié, il a une fille et un métier dans le domaine de la mode. Il a juste décider à quarante ans de prendre deux ans pour se former à la vie monastique bouddhiste avant de retrouver normalement sa famille et son métier.

Je médite entre mon oncle et ma tante.
Je médite entre mon oncle et ma tante.
Quand la méditation est difficile un coup de bâton et c'est reparti !
Quand la méditation est difficile un coup de bâton et c’est reparti !

Les lundi et mardi suivants c’était la rentrée des étudiants étrangers avec deux jours de présentation des lieux, conférence sur la sécurité routière où j’ai découvert qu’avec deux fois moins d’accidents que la moyenne française je vis dans la ville la plus dangereuse de la région, sur la sécurité au boulot où on nous a conseillé de faire attention aux risques liés au vieillissement et toute sortes d’autres choses passionnantes. C’était quand même l’occasion de rencontrer quelques étrangers sympa que je retrouve ce soir pour une petite soirée organisée par la loge internationale où j’habite.
Et puis maintenant que la rentrée est passée les cours de Japonais peuvent commencer et le rythme est intense, j’ai un cours presque tous les jours ! J’espère que ça va finir par rentrer !

À dans deux semaines !

Une réflexion sur « Le mardi c’est hanami »

  1. Ah, triste photo que le thon coupe par ces barbares. C’est donc la, dans un espece d’etal standardise, que finissent les derniers predateurs sauvages de la Mediterrannee et d’ailleurs!
    Tout ca pour alimenter l’envie de prestige social de gens qui n’aiment meme pas vraiment manger ca (il y a 20 ans ils les jetaient, et encore aujourd’hui ils les font tremper dans l’eau pour oter le gout). Ca me revolte au plus haut point.

    Par contre, l’espece de soupe cuite dans les legumes a l’air cheloue mais super drole a preparer. J’aimerais bien gouter ca et le voir faire.

    Bonne meditation. Et n’oublie pas que pour le concours de nouvelles, il faut que tu medites, mais aussi que tu edites tous les autres participants 😉

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