Nikko avec Van

Du 5 au 19 juin.

Le vendredi 5 juin le Japon reçoit une visite importante en la personne de Van, qui a quitté sa Corée pour venir nous rendre visite.

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Nous passons donc l’après midi à faire un petit tour de Tokyo malheureusement sous la pluie car si la saison des pluies officielle ne commencera qu’une semaine plus tard la pluie, elle, se fout bien des dates.
Le soir nous sommes rejoins par un groupe de filles mené par une amie vietnamienne de Van. Nous allons ensemble dans un petit restaurant pas cher mais en bon gros cela ne nous suffira pas. Van et moi déciderons donc d’aller finir notre soirée au restaurant d’Okonomiyaki dont j’avais parlé ici. Ça fait du bien de se remplir le ventre parce que la journée du lendemain va être bien remplie !

En effet le lendemain Van se joint à mon groupe d’amis internationaux pour aller visiter la petite ville de Nikko dans la préfecture de Toshigi, au nord de Tokyo, réputée pour ses temples qui abritent notamment les restes du shogun Tokugawa Ieyasu, le Napoléon du Japon, et pour sa nature époustouflante.

Aux environs de l’heure où blanchi la campagne nous sommes parti en train et fidèle à une tradition normalienne nous avons manqué celui qui était prévu.

Le train nous amène à Nikko et après un bon bol de ramen pour lancer la machine nous partons nous balader dans les temples qui font la réputation de la ville. Ils y en a beaucoup et nous ne les visiterons pas tous. Le plus impressionnant est sans doute le Toshogu, le temple où se trouve le mausolée du shogun.

Une pagode devant le temple Toshogu
Une pagode devant le temple Toshogu.
Le Toshogu est en fait un complexe de temple assez vaste et sublime. Van prend en photo des statues de singe.
Le Toshogu est en fait un complexe de temples assez vaste et sublime. Van prend en photo des statues de singes.

Ensuite nous prenons les chemins qui serpentent dans les montagnes autour des temples et amènent à de plus petits sanctuaires un peu cachés.

Notre groupe avec nos nouveaux amis. Des moments qui resteront gravés dans la roche.
Notre groupe avec nos nouveaux amis. Des moments qui resteront gravés dans la roche.
La nature sauvage et Van qui l'est moins.
La nature sauvage et Van qui l’est moins.
Un petit temple paumé. On y trouve un gros caillou qui apporte la fertilité.
Un petit temple paumé. On y trouve un gros caillou qui apporte la fertilité.

Nikkopont

Le soir venu, pour nous délasser nous allons profiter des bains publiques d’un hôtel. On s’y prélasse dans un bassin d’eau chaude en extérieur, ce qui n’est pas désagréable. Et puis ça nous prépare pour la soirée d’anniversaire de Korin, un des deux chinois du groupe que nous célébrerons à l’auberge de jeunesse autour d’une bouteille de saké.

Le lendemain nous prenons un bus pour les hauteurs, vers un petit village réputé pour ses sources chaudes qui jaillissent un peu partout, donnant une bonne odeur de souffre au village.

Justas entourré de sources chaudes.
Justas entouré de sources chaudes. L’eau ici est très chaude et les petites cabanes servent à faire cuire des œufs qui prennent un goût très particulier.
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Un lac à Okunikko, le village des onsen.

Nous en profiterons pour prendre un bain dans un onsen très traditionnel. Le bain est tout petit et plein de japonais plutôt sympa. On s’y baigne dans une eau laiteuse et extrêmement chaude. En sortant on peut se relaxer dans une salon de style japonais avec du thé et des biscuits salés.

Nous descendons ensuite vers le lac Chuzenji qui est couvert par le brouillard. Les montagnes alentours sont pleines de singes qui descendent parfois en ville pour dévaliser les boutiques de souvenirs. Nous n’en verrons malheureusement pas.

Une cascade assez impressionnante près du lac Chuzenji.
Une cascade assez impressionnante près du lac Chuzenji.

De là nous partons pour une petite balade sur les crêtes en espérant débusquer un singe derrière chaque arbre, sans succès.

Nous rentrons ensuite sur Tokyo et bien tristement nous devons dire au revoir à Van qui rentrera en Corée le lendemain, non sans avoir eu le temps de faire chauffer la carte bleue dans les magasins tokyoïtes.

La vie à Eugene

Salut,

Originellement, je voulais appeler cet article « Eugene, mon ami » pour faire un jeu de mots entre Eugene et  友人, mais j’y ai renoncé. Benoît vous expliquera… ユージーン (オレゴン州) の友人だよ。(Ça n’a aucun sens…)

Le sujet de cet article est assez vague : il s’agit de vous faire part de photos diverses et variées, glannées au cours du dernier mois. Comme il fallait mettre un peu d’ordre là-dedans, j’ai choisi académiquement un plan en trois parties : dans la nature, sur le campus, dans la ville ! Attention, article long avec beaucoup de photos !



Commençons donc par la nature, et en particulier par mon escursion du week-end passé au Mont Pisgah. Jusque là je n’avais pas pû y aller car cet espace est assez éloigné du centre ville, mais avec un meilleur vélo j’ai pû parcourir les 13 km de route goudronnée, avec au passage quelques petites fermes (bio) et quelques vergers. Les environs du mont Pisgah sont divisés approximativement en deux : un « arboretum » (jardin botanique) et des chemins de randonnée qui vont notamment jusqu’au sommêt. Je commence par l’arboretum, avec des chemins très sympathiques sur les pentes de la colline, ainsi qu’au bord de la rivière Willamette.

C'est l'été !
C’est l’été !

Ensuite, je me décide à gravir la colline, une montée de 4 km, pas si évidente quand le soleil tappe et que l’on en a déjà pas mal dans les jambes. Par contre, le chemin est très large, et fait face à Spencer Butte (dont j’ai déjà parlé). L’ascension vaut la peine, la vue sur les environs est superbe (et très comparable à celle depuis le haut de Spencer Butte !). Belle ballade donc, et des kilomètres de vélo à faire dans l’autre sens !

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Le chemin qui mène en haut du mont Pisgah, avec en arrière plan Spencer Butte
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Vue depuis le haut du mont Pisgah

 

Il y aurait beaucoup à dire sur les parcs d’Eugene. Notamment que le plus sympathique d’entre eux est le mieux caché : pour arriver à Hendrick’s Park, il ne faut pas se tromper de rue et ne pas refuser la montée à vélo ! Mais le plus étonnant avec les environs d’Eugene, c’est peut être la vivacité de la nature : j’en ai fait l’expérience lors d’une ballade le soir dans la forêt au sud. À un moment donné, j’entend un bruit de brindilles qui craquent. Il n’y a pourtant personne sur le sentier. Je regarde aux alentours cherchant quelqu’un hors du sentier et c’est là que je vois un chevreuil qui me regarde ! En m’avançant, je m’apperçois qu’ils sont quatre ou cinq, et qu’il ne sont pas du tout effrayés par ma présence. Belle rencontre inattendue ! Les panneaux à l’entrée des forêts indiquent d’être prudents et de tenir les chiens en laisse car des ours et des lynx rodent parfois dans les environs… Qui sait sur quoi je tomberai la prochaine fois !

Chevreuils dans la forêt
Chevreuils dans la forêt – si, si cherchez bien !

 

Concluons cette partie sur la nature avec des photos au coucher du soleil. J’ai trouvé un endroit assez sympathique, sur les pentes de Spinner Butte, où l’on peut voir le soleil se coucher sur la chaîne cotière (Coast Range), cette chaîne de montagne ayant la particularité d’être très longue mais jamais très élevée.

La rivière Willamette à la tombée de la nuit
La rivière Willamette à la tombée de la nuit
Coucher de soleil sur Eugene, vu de Spinner Butte
Coucher de soleil sur Eugene, vu de Spinner Butte


Disons maintenant quelques mots à propos du campus. Lundi dernier ont eu lieu les cérémonies de remise des diplômes (graduation ceremony). Aux États-Unis, le principal diplôme, appelé souvent simplement degree, est obtenu généralement 4 ans après la sortie du lycée. Souvent (en physique en tout cas), les étudiants qui continuent leurs études, ne passent pas de master mais vont directement en doctorat et préparent leur thèse en un nombre d’année assez flou (de 5 à 8 ans). Bref, pour la remise des diplômes les étudiants revêtent l’uniforme (cap) et le chapeau loués pour l’occasion. Ils assistent à une cérémonie de la part de leur département (a priori en plus d’une autre pour toute l’université). Et cet année, c’est Eric, mon maître de stage, qui est chargé de délivrer un discours.

« Never start a computation until you know the answer. » (J. Wheeler cité par E. Corwin)

« Graduation talk »
« Graduation talk »
« Graduation talk »
« Graduation talk »

 

Voici venu le moment de vous parler d’une des merveilles du campus : le Jordan Schnitzer Museum of Art (JSMA). C’est l’un des rares musées de États-Unis rattachés à une université, et c’est l’un des plus beaux musées de l’Oregon. L’entrée en est gratuite pour les étudiants et personnels de l’université.

VISION
We will become one of the finest university art museums in the world. 

BELIEF
We believe that knowledge of art enriches people’s lives.

Entrée du JSMA
Entrée du JSMA
Petit cloître à l'intérieur du JSMA
Petit cloître à l’intérieur du JSMA

La collection est très variée et de très bonne qualité : arts chinois, japonais et coréens ; art chrétien orthodoxe ; art européen ; art contemporain ; photographies. J’ai loupé d’un jour un tableau de Monnet (« Matinée sur la Seine, effet de brume ») mais j’ai pu voir un Modigliani (« Les deux filles ») et d’autres tableaux européens.  La collection asiatique est particulièrement fournie.

Œuvre japonaise
Œuvre japonaise
Œuvre acoustique temporaire par XO
Œuvre acoustique temporaire par XO

Tant que l’on y est, mettons une photo de la bibliothèque : Knight Library. Elle est très fournie, y compris en littérature européenne.

« Ye shall know the truth » « And the truth shall make you free »
« Ye shall know the truth »
« And the truth shall make you free »

 

Hier, j’ai eu la surpris de trouver un concert sur une pelouse du campus ! Une sorte de grosse fanfare, qui a joué quasiment jusqu’au couché du soleil des airs plus ou moins connus !

Concert d'une fanfare sur l'herbe du campus
Concert d’une fanfare sur l’herbe du campus

 

Mais le campus, comme vous le savez, est surtout un lieu peuplé d’étudiants. Il y a quelques semaines a eu lieu l’Undie Run, une course détendue où les participants sont en sous-vêtements ! On se croirait sur un campus américain…

« Undie run »
« Undie run »


Comme prévu, finissons par la ville elle-même. C’est l’occasion de donner une liste de bonnes adresses pour manger et boire à Eugene !

Commençons par la bouffe ! La dernière conférence de l’année du département de physique a été réalisée par un conférencier (Michael Dickey, North Carolina State University) invité par Yasin et Peter de mon labo. Il a donc fallu lui offrir le repas du soir… et c’est tout le labo (7 personnes) qui a donc eu un repas aux frais de l’université dans l’un des meilleurs restaurants de la ville : Rye. Je n’ai pas photo, mais la cuisine de type français était excellente (magret de canard pour moi), les cocktails au rhum sont assez fameux, j’ai pu tester un vin rouge local, et les chocolats au dessert sont fameux. Je vous l’ai dit, c’est l’université qui paye !


Passons maintenant aux meilleures glaces de la ville : Prince Puckler’s. Je vous entends : « Mais pourquoi il nous parle de glaces » La raison en est que cette enseigne est restée celèbre pour avoir reçu Barack Obama lors de sa visite à Eugene pour sa campagne de 2008 ! Et en plus, les glaces sont bonnes !

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S’il fallait nommer le meilleur bar, je désignerai The Barn Light mais il n’y a pas grand chose à dire, à part que c’est sympa et pas craignos. Mais plus intéressant, il y a quelques semaines, j’ai pû découvrir le plus ancien « club » de la ville : Luckie’s, « serving the gentlemen of Eugene since 1911 ». Il y a souvent des groupes qui se produisent. Un endroit posé, comme diraient certains.

Luckie's Club Cigar
Luckie’s Club Cigar

Bon, il est temps de finir cet article. J’espère que vous ne l’avez pas trouvé trop long ni trop ininteressant… Je viens de réaliser que si demain je fais effectivement ce que je pense faire, j’aurais peut être un autre article à écrire… pas grave, j’attendrais une semaine : dans ce sens c’est facile !

Dans les neiges éternelles !

du 23 mai au 5 juin.

Aujourd’hui aussi je vais vous parler montagne mais cette fois ci c’est le niveau au dessus !

Un chercheur d’un labo partenaire (un ivrogne notoire d’ailleurs) organise chaque année un week-end montagne inter labo. Cette année c’était le mont Tsubakuro, un joli montagne de 2763m dans la préfecture de Nagano.

C’est pas vraiment tout près et pour y être tôt nous partons de nuit en voiture et nous dormons comme nous pouvons sur une aire d’autoroute au pied de la montagne. C’est la partie pénible mais elle est vite oubliée quand le lendemain on se réveille avec une vue magnifique des sommets enneigés de la chaîne des monts Hida à laquelle appartient notre objectif.

Notre départ se fait déjà à 1400m d’altitudes et à l’entrée de la route pour nous mettre dans l’ambiance un petit panneau conseille de faire attention aux ours.

L’ascension commence par petits groupes en fonction de la vitesse de marche. j’en profites pour vous faire par d’un aspect culturel intéressant : pour un japonais on ne peut pas profiter d’un truc si on a pas l’équipement  idoine, et tant qu’à faire flambant neuf et de la meilleure qualité. On m’a fait remarquer que mon jean et mon sac de cours n’était pas très adaptés. Effectivement en comparaison avec les gars en sous-pantalons qui respire, pantalons qui respire, t-shirt qui respire, pull polaire qui respire, coupe vent qui respire et imper qui respire par dessus le tout, accompagné de bâtons de marche et d’un sac qui épouse la forme du dos et qui permet de porter tout le reste du matériel, j’avais l’air d’être à poil. Enfin figurez vous que j’ai survécu plutôt bien.

Le paysage est sublime et à mesure qu’on monte on voit de plus en plus de neige jusqu’à ce qu’il n’y ai plus que ça.

tsubakuro1 tsubakuro2 tsubakuro3 tsubakuro_moiAu sommet un gros chalet nous reçoit dans un intéressant mélange de culture japonaise et d’imitation des chalets alpins.

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Le dortoir du chalet, on y dort sur des futons posés sur des tatamis.

Le chalet n’est pas exactement au sommet, il faut faire encore une petite balade d’une demi heure sur une crête pour y arriver, ce que je fais après le succulent dîner à la japonaise. Dehors il y a une brume épaisse et le paysage est vraiment lunaire.

Le chemin vers e sommet dans la brume.
Le chemin vers le sommet dans la brume.

Le lendemain après un petit déjeuner excellent aussi mais quelque peu déroutant pour le français que je suis nous repartons.

Petit déjeuner à la japonaise
Petit déjeuner à la japonaise.

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En bas nous attend un autre des attraits du lieu, son onsen, un bassin en plein air remplie d’eau de source volcanique. Rien de plus agréable que de se délasser dans cette eau super chaude après un week-end de marche ! En plus le décor est très agréable, le bassin est bordée de gros rocher et entouré de végétation.

Ça m’a donné envie de me mettre à la montagne en France !

Cascades et côte

Salut à tous ! Lane County (la partie de l’Orégon dans laquelle je suis) est réputée pour sa diversité de paysages : la côté (à l’Est) et les cascades (à l’Ouest). Et en deux week-end, j’ai eu la chance de faire les deux ! Récit.

Le premier week-end était organisé par l’Outdoor Program, qui avait aussi organisé le projet à Smith Rock. L’idée était d’aider les GOATS, des bénévoles construisant des chemins de VTT près d’Oakridge : nous devions travailler le matin et faire du VTT l’après-midi. Et ça ne s’est pas passé exactement comme ça… Juste après le départ, Laughton (le grand chef !) nous informe qu’il y a eu un problème de communication et que nous étions attendus le week-end prochain. Du coup, on n’a pas grand chose à faire et le repas ne nous sera pas offert le soir…

Nous voilà tout de même à une cinquantaine de kilomètres d’Oakridge pour déplacer des barres en bois sur environ 500 mètres. Puis, après un casse croûte bien mérité, nous décidons de rester où nous sommes et de profiter du chemin de randonnée… à VTT. C’est impressionnant à quel point nous sommes seul : la ville la plus proche est à 50 km, le « camping » (j’y reviendrai) est désert et il passe moins d’une voiture par heure sur la route ! Le chemin se révèle technique, et au bout d’une dizaine de kilomètres, nous nous appercevons qu’il n’y a pas de sortie sur la route… Retour par le même chemin donc, mais heureusement le faux plat montant s’est transformé en faux plat descendant !

Une petite casacade bien sympathique, perdue au milieu de la forêt
Une petite casacade bien sympathique, perdue au milieu de la forêt
En gros plan
En gros plan

Le soir, c’est camping, toujours au milieu de nulle part ! Donc qu’est ce qu’un camping ? En gros un panneau, un chemin d’accès, de l’herbe pour poser une tente… et surtout une cabane avec une cuvette et un trou qui servent de WC ! Et oui, on est au milieu de nulle part ! Le « camping » s’appelle Indigo Springs, du nom des sources juste à côté.

Indigo Springs : de l'eau qui jaillit du sol !
Indigo Springs : de l’eau qui jaillit du sol !
Au coin du feu
Au coin du feu

Le lendemain, après un petit déjeuner copieux, nous partons pour faire, cette fois, un vrai chemin de VTT : Larrison Rocks ! Le chemin fait environ 4 miles (6 km) de descente dans la forêt … mais avant celà il faut monter. Et même sur du goudron, ça fait mal au mollets ! Bref, la descente a été géniale même si parfois le chemin était étroit et technique. Seulement une petite gamelle sans grande conséquences. À l’arrivée, quelques ambitieux se sont baignés dans la rivière, relativement froide (mes jambes me soufflent : environ 10°C) !

Au fond sur les chemins de VTT
Au fond sur les chemins de VTT

 

Le week-end suivant, Peter et Yasin m’ont emmené voir la côte. Pour l’instant je ne met que les photos car je suis flemmard…

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Du thé et des pagnes

du 9 au 22 mai.

J’ai vraiment l’impression que mon rythme de tourisme s’accélère à mesure que je me rapproche de la fin, alors qu’on aurait pu s’attendre à l’inverse. C’est tant mieux mais je vais rentrer crevé !

Alors que j’étais à peine rentré de Kyoto mon oncle et ma tante m’ont proposé de m’emmener visiter le Tohoku, la région qui avait été ravagée par le tsunami de 2011.

Notre premier arrêt se fait au niveau de la baie de Matsushima, réputée une des plus belles du Japon. Le temps est pourri mais on devine assez facilement ce que ça doit donner pas jour de grand soleil !

La baie de Matsushima et ces nombreuses petites îles.
La baie de Matsushima et ces nombreuses petites îles.

Le soir nous dormons dans un ryokan, une auberge traditionnelle japonaise. On y dort dans de grandes pièces entourées de cloisons coulissantes en papier de riz. Le sol est couvert de tatami et un futon remplace le lit. Un couloir court tout autour de la pièce et quand on le découvre pour la première fois en faisant coulisser une cloison il a tout du passage secret !

Une chambre dans un ryokan. L'immersion est totale !
Une chambre dans un ryokan. L’immersion est totale !

Cerise sur le gâteau, notre hôte est maître de cérémonie du thé et il nous propose une initiation. On enfile donc des sandales de bois pour se rendre dans un minuscule bâtiment au milieu d’un jardin à la japonaise où notre hôte nous fait entrer un par un par une porte de 50cm de haut. Il nous invite à nous installer à des endroits très précis, repérés en contant les lignes des tatami, et nous fait mettre en seiza, la façon traditionnelle de « s’asseoir » au Japon : en gros on est à genoux et sans entraînement ce n’est pas évident d’y rester longtemps. Je suis placé le plus proche de lui, sans doute parce que je suis sensé être celui qui comprend le mieux le japonais, soit vraiment pas beaucoup. En tout cas cela signifie que c’est moi qui vais devoir tout faire en premier en essayant de comprendre ce qu’il me baragouine en japonanglais.

Notre maître de cérémonie du thé et ses instruments.
Notre maître de cérémonie du thé et ses instruments.

 Tout d’abord le maître de cérémonie apporte une assiette où sont rangés sept beaux mochi, des sortes de gâteaux à base de riz gluant. Il pose le plat devant moi et m’explique ce que je dois faire : d’abord je préviens (en japonais) mon voisin que je vais manger avant lui, puis je saisi les baguettes par une succession de gestes compliqués, j’attrape un mochi, le pose devant moi, je nettoie les baguettes avec ma serviette et je passe avec cérémonie l’assiette à mon voisin qui répète la même procédure jusqu’à ce que chacun ait été servi. Quand ce fut le tour de ma petite cousine encore assez malhabile avec les baguettes il nous était interdit de l’aider autrement que par la parole et le processus fut plutôt amusant !

Ce fut ensuite au tour du thé d’être servi. Notre hôte préparais chaque tasse presque religieusement et chacun notre tour nous dûmes aller chercher la tasse en restant en seiza et en nous déplaçant avec les poings un peu comme les cul-de-jatte de la cour des miracles avec leurs fers à repasser, demander à notre voisin de droite s’il en voulait encore, prévenir notre voisin de gauche que nous allions boire avant lui, goûter une gorgée, assurer notre hôte que c’était très bon, finir le bol et le ramener, le tout sous les fous-rires de plus en plus durs à réprimer.

La cérémonie du thé ne s’arrête pas pour autant une fois que chacun à bu son bol de thé. Il faut ensuite que quelqu’un (moi) pose des questions au maître sur tous les objets de la salle : la petite cuillère en bambou dont il se sert pour prélever la poudre qui compose le thé, la boîte où est rangé le thé, les fleurs et la tapisserie qui décorent et l’encens qui parfume. Pour chacun de ces objets le maître explique de quoi il est fait et d’où il provient puis il nous fait passer la cuillère et la boîte de thé pour que chacun notre tour nous puissions l’observer d’une façon là encore très codifiée, et surtout sans oublier d’avertir notre voisin que nous allions le faire avant lui.

Le lendemain nous allons voir une statue géante de Kannon, une des divinités bouddhistes les plus célébrées au Japon. La statue est creuse et elle est remplie de … statues !

Statue de Kannon, divinité bouddhique imposante !
Statue de Kannon, divinité bouddhique imposante !

Nous finissons notre séjour en longeant les rivages qui ont été ravagées par le tsunami quatre ans plus tôt. On devine assez bien les dégâts qui ont été causés en voyant à quel point le coin est plat. Pourtant sur place, en dehors de quelques rares vestiges bien cachés, principalement les fondations de bâtiment dont les décombres ont été enlevés, et une atmosphère de friche agricole, il ne reste pas grand chose pour témoigner de ce qui s’y est passé il n’y a pas si longtemps.

Le mardi qui suit quelques collègues avaient prévu de m’emmener assister à une journée du tournoi de sumo qui s’étend sur toute la première moitié du mois de mai. Seulement pas de chance toutes les places ont été vendu dès huit heures du matin et il faudra donc revenir. C’est finalement dans un maid-café que nous finirons notre après midi. Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas le concept il s’agit d’un café où les serveuses sont des jeunes filles habillées en soubrettes qui parlent de façon enfantine en vous appelant « maître ». La décoration est hyper kikou, on chante des chansons kikous pour donner du goût à nos boissons elles même bien kikoues. Malheureusement les photos sont interdites, il vous faudra donc imaginer.
C’est un peu dérangeant et je ne compte pas y retourner mais pour être tout à fait honnête ce n’est pas aussi dégradant que ce à quoi je m’attendais, ça tient plus de la régression kikoue que de la maison close.

Ce week-end là dans le quartier d’Asakusa dont j’ai déjà parlé ici à lieu un festival Shinto : les Sanja Matsuri, que mon japonais approximatif traduirait par festival des trois sanctuaires. Avec quelques amis nous assistons donc au défilé d’une centaine de sanctuaires portatifs ou Mikoshi, posés sur les épaules de japonais de tous âges en costume traditionnel.

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Procession des sanctuaires portatifs à travers les rues d’Asakusa. Chaque quartier à son propre Mikoshi.

Pleins de petites échoppes ont été montées un peu partout et proposent des brochettes de poulpes, toutes sortes de coquillages bizarres et de légumes non identifiés.

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Dans le sanctuaire. D’avantage encore que dans le métro on réalise que le Japon est un pays peuplé !

 Le vendredi suivant rebelote, nous allons à Tokyo avec mes collègues essayer d’avoir des places pour ce tournoi de sumo. Mais cette fois pour mettre toutes les chances de notre coté nous prenons le premier train ce qui me fait me lever à 4h30 mais la suite en vaudra le coup. Nous arrivons sur place à 6h et nous avons tout juste le temps d’acheter deux ou trois trucs à grignoter et quelques bières avant de prendre place dans la file qui est déjà conséquente. Deux heures plus tard nous avons notre ticket qui nous permet d’accéder à une place au tout dernier rang de l’immense arène.

L'arène encore vide.
L’arène encore vide.

Le tournoi est organisé sur 15 jours plein et chaque sumo participe à un seul match chaque jour. Les premiers match sont ceux des débutants, l’arène est alors quasiment vide. Les sumo sont répartis en deux équipes : Higashi et Nishi : Est et Ouest. Avant chaque match un « héraut » faute de meilleur terme, annonce en chantant le nom du sumo pour chaque équipe puis les sumo entrent sur le « ring ».
Ils vont d’abord dans un coin dans le dos de l’arbitre où ils saluent le public en levant puis rabaissant une jambe. Pour les matchs de plus haut niveau ils prennent un poignée de sel, s’en mettent dessus et en lance sur le ring en allant se positionner au centre.
Là ils se mettent en position et si les deux sont prêt au même moment, c’est à dire s’ils frappent le sol ensemble, le match peut commencer. En pratique ça n’arrive quasiment jamais. Ils jaugent un peu leur adversaire puis retournent dans leur coin pour un nouveau salut et une nouvelle poignée de sel et ce jusqu’à ce que l’arbitre signale que maintenant il va falloir s’y mettre. Ils se mettent alors en place et l’un des sumo pose le poing au sol. Le combat commence quand l’autre pose également le sien.
Les combats sont souvent extrêmement rapide. Pour gagner il faut faire sortir son adversaire du ring ou lui faire toucher le sol.

L'amour extra large !
L’amour extra large !

Un des trucs que j’ai trouvé intéressant c’est que les gens ne viennent pas seulement pour voir les sumo, les arbitres et les hérauts aussi ont leurs fans ! Ils changent régulièrement et tout comme pour les sumo, les moins expérimentés font les premiers matchs et plus on avance dans la journée plus ils sont reconnus.

Le sommet du tournoi c’est l’entrée et les combats des makuuchi, les sumo les plus doués. Ils entrent par équipe dans l’arène avec des tabliers aux motifs très recherchés et forment un cercle pour saluer le public, l’arbitre et leurs adversaires.

L'entrée des makuuchi, les meilleurs sumo du tournoi.
L’entrée des makuuchi, les meilleurs sumo du tournoi.

Juste après eux entrent les yokozuna, ce sont les plus grands sumo du moment. Il n’y a pas vraiment de critère pour devenir yokozuna mais on considère généralement qu’il faut avoir gagné au moins deux tournois consécutifs (il y en a sept par an). Le titre n’est pas remis en jeu mais obtenu pour toute la carrière du sumo. Il y en a actuellement trois dont deux participaient au tournoi. Fait amusant : aucun d’entre eux n’est japonais ! En fait les trois sont mongols, comme beaucoup d’autres makuuchi. En entrant ils font une sorte de danse assez impressionnante et étonnamment gracieuse :

Et en bonus la fin du combat du yokozuna Harumafuji (celui qui danse dans la vidéo précédente, à droite).

Mon séjour au japon touche à sa fin mais j’ai encore pas mal de choses à vous raconter ! Je sens que ça va être dingue jusqu’au bout !