Kyoto, l’âme du Japon

Du 2 au 8 mai.

La golden week dont je parle dans mon article précédent m’offre un gros week-end de cinq jours que j’ai mis à profit pour visiter Kyoto. Dans l’esprit des japonais Tokyo est la tête du Japon, Osaka son ventre et Kyoto son cœur. C’est la ville qui est censée permettre le mieux de rentrer dans l’âme japonaise et il faut bien le dire : elle a un charme fou !
Kyoto a été choisie comme capitale pour fuir l’influence des monastères bouddhistes de Nara, l’ancienne capitale. Le lieu est choisi par des techniques de divination et de feng shui. La ville est bordée de collines sur trois cotés et ces collines ont toujours été réservées au sacré, on n’y trouve donc rien d’autre que des temples ce qui donne l’impression d’être entouré de verdure alors même qu’on se trouve dans la mégalopole japonaise.

Mon séjour commence à la gare routière de Shinjuku où je monte dans un bus de nuit. Kyoto est à 500km de Tokyo et il faut huit heures de trajet pour y arriver. Après une nuit très inconfortable le bus arrive à Kyoto à cinq heure du matin. Rien n’est encore ouvert et je parcours les rues désertes jusqu’à arriver au bord de la rivière Kamo dont je tombe instantanément sous le charme. J’y retournerai tout au long de mon séjour, pour y manger, y lire, y faire une sieste. La rivière est bordée d’une quantité de restaurants avec terrasse sur pilotis et on y voit une quantité phénoménale d’oiseaux : des canards, des échassiers, des aigles et beaucoup d’oiseaux plus petits.

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Les berges de la rivière Kamo, un de mes endroits préférés à Kyoto.
Un des nombreux oiseaux qui fréquentent la rivière Kamo
Un des nombreux oiseaux qui fréquentent la rivière Kamo

Dans mon guide du routard j’apprends par coup de chance qu’un festival se tient le jour même au temple Shimogamo. Il s’agit de la fête des archers à cheval (Yabusame en japonais) qui sert de lancement au principal festival de Kyoto, Aoi Matsuri. On prend place le long d’une piste de 400 mètres de long  sur laquelle sont réparties trois cibles (de simples planches de bois carrées de 40cm de coté) et là, après une longue attente, on assiste d’abord à un défilé de personnes en costume de l’époque Heian (794-1185) et à la cérémonie de passation des flèches. Puis c’est le concours d’archerie qui commence et un par un les archers s’élancent aux grand galop et tirent leurs trois flèches en succession rapide. L’exercice est très difficile et très peu d’archers ont réussi à détruire les trois cibles.

Avant la démonstration, les archers qui ont reçu leurs flèches paradent.
Avant la démonstration, les archers qui ont reçu leurs flèches paradent.

Le lendemain je traverse Gion, le quartier des geisha pour aller visiter un temple sublime : Kyomizu-Dera. L’ambiance du quartier est magique, en particulier dans les petites rues piétonnes bordées d’échoppes qui proposent presque toutes de goûter leurs produits, ça me fera d’ailleurs mon repas de midi. Il y en a même une qui propose de tester des savons bizarres, tout mous et parfumés à toutes sortes de chose. Et puis le quartier est à la hauteur de sa réputation puisqu’on y croise effectivement des geisha ou des maiko, les apprenties geisha, que je suis bien incapable de différencier.

Une geisha ou une maiko ?
Une geisha ou une maiko ?
Les rues piétonnes de Gion où on mange gratuitement.
Les rues piétonnes de Gion où on mange gratuitement.

Enfin j’arrive à Kyomizu-Dera. Le temple est immense et magnifique. Il est construit sur le versant de la colline sur une plate-forme en pilotis. En contrebas dans la vallée il y a une fontaine naturelle où l’on puise avec des tasses au bout de longues perches pour se laver les mains. Un peu plus loin une pagode, le tout entouré d’érables japonais ce qui donne l’impression d’être perché dans un nuage vert.

Le temple Kyomizu Dera perché sur son nuage d'érables
Le temple Kyomizu Dera perché sur son nuage d’érables

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En fait comme pour tout mon séjour à Kyoto c’est assez frustrant de ne pas pouvoir tout vous montrer. Enfin le serveur a une taille limité !

Le lendemain le temps était dingue et tant mieux parce que mon programme était assez rempli !

J’ai commencé par me rendre au château Nijo, l’ancien château du shogun. Le palais est passionnant, on se promène dans les appartements du shogun et des mannequins permettent de se plonger dans l’atmosphère de l’époque. Un fait remarquable : le plancher « rossignol » conçu pour couiner afin de prévenir le shogun et ses gardes si des ennemis essaient de s’introduire chez lui.
Toutefois ce que j’ai trouvé de plus intéressant c’est le jardin, sans doute le plus beau jardin japonais que j’ai vu jusque là, ce qui à ce stade de mon séjour n’est pas peu dire !

Le jardin du shogun. Ça donne envie de s'arroger le pouvoir de l'empereur non ?
Le jardin du shogun. Ça donne envie de s’arroger le pouvoir de l’empereur non ?

À peine sorti des jardins je pars à pied pour le coin nord ouest de la ville ou l’on trouve le kinkakuji, le pavillon d’or qu’a rendu célèbre l’écrivain japonais Yukio Mishima. Il y a énormément de touriste et il faut dire que le lieu a de quoi attirer. voyez plutôt :

Le pavillon d'or. Les étages supérieurs sont couvert de feuille d'or pour qu'en se reflétant le pavillon ressemble à un bateau doré.
Le pavillon d’or. Les étages supérieurs sont couvert de feuille d’or pour qu’en se reflétant le pavillon ressemble à un bateau doré.

Pas très loin on trouve le temple bouddhiste Ryoan-ji et son jardin zen. Celui-ci est en deux parties. D’abord le jardin sec composé de rochers entourés de graviers soigneusement ratissés quotidiennement par les moines. Un aspect amusant c’est que les quinze pierres sont agencées de telle sorte qu’on ne puisse jamais les voir toutes ensemble. La deuxième partie c’est le jardin humide, un jardin de mousses avec de nombreuses fontaines. Là on s’assoit et on médite. Ou on lit son guide touristique, au choix.

Le jardin sec. Sur la photo aussi on ne peut pas voir tous les rochers à la fois !
Le jardin sec. Sur la photo aussi on ne peut pas voir tous les rochers à la fois !

Comme je suis en forme ce jour là et qu’il fait particulièrement beau (j’en aurai même des coups de soleil), je continue ma route et cette fois je vais à l’autre bout de Kyoto vers le Ginkakuji, le pavillon d’argent que l’écrivain Yukio Mishima n’a pas eu le temps de rendre célèbre s’étant suicidé par seppuku.

Le pavillon d'agent. Le projet initial était de le recouvrir d'argent comme pour le pavillon d'or. Ce ne sera jamais fait.
Le pavillon d’agent. Le projet initial était de le recouvrir d’argent comme pour le pavillon d’or. Ce ne sera jamais fait.

 Et pour finir ma journée bien chargée, en effet je vous ai épargné de nombreux temples et autres lieux intéressants croisés en route pour donner une taille raisonnable à l’article, je suis redescendu dans le quartier de Gion par le chemin des philosophes, un sympathique sentier qui longe un canal bordé de temple (à Kyoto même les marchés couverts sont bordés de temple).

Le chemin des philosophes. Baptisé ainsi parce que le philosophe Nishida Kitaro aimait s'y promener. J'ai aimer aussi, peut être qu'on pourrait le rebaptiser chemin des physiciens ?
Le chemin des philosophes. Baptisé ainsi parce que le philosophe Nishida Kitaro aimait s’y promener. J’ai aimé aussi, peut être qu’on pourrait le rebaptiser chemin des physiciens ?

La nuit était belle et j’ai décidé de célébrer la fin de cette superbe journée en m’offrant un sandwich au brie et une bière belge sur les berges de la rivière Kamo qui sont assez animées quand il fait bon. Il y avait quelques artistes japonais : une chanteuse avec sa guitare et un jongleur qui jouait avec toutes sortes de choses enflammés. J’y ai aussi fait la connaissance d’un groupe d’internationaux dont un chercheur français qui bosse à l’université de Kyoto, la deuxième meilleure du Japon, un peu plus axée sur la théorie d’après sa réputation.

J’aurais aimé dire que j’ai gardé le meilleur pour la fin mais à Kyoto ce n’est pas évident de distinguer le coin le plus fabuleux. Toujours est-il que je suis allé au sanctuaire Fushimi-Inari et que ça valait le déplacement !
Il est situé un peu en retrait par rapport au centre de Kyoto et il occupe toute une grosse colline. En fait il s’agit de plusieurs petits sanctuaires reliés entre eux par de longues galeries de torii alignés. Les torii sont des portiques qui symbolisent dans la religion shinto le passage du  profane au sacré. On en trouve un peu partout au Japon mais rarement autant qu’ici : la montagne (ou colline, c’est le même mot en japonais alors on se perd un peu) en est couverte. Je vous laisse découvrir ça :

Une longue allée sous les torii
Une longue allée sous les torii.
La montagne du sanctuaire Fushimi-inari est recouverte de galerie de torii alignés
La montagne du sanctuaire Fushimi-Inari est recouverte de galerie de torii alignés.

La visite du sanctuaire est donc plutôt une randonnée sur la colline. On découvre l’un après l’autre les nombreux temples où foisonnent les statues de renard, le messager du dieu Inari. Avec toutefois la différence notable que le système de balisage des chemins est autrement plus efficace que celui de nos GR. Mais à l’impossible je dois être tenu puisque j’ai quand même réussi à me perdre, un peu volontairement je l’avoue, ce qui m’a permis de redescendre de la montagne par un autre chemin que celui que j’avais emprunté à l’aller, moins joli mais beaucoup plus tranquille.

J’ai ensuite passé mon après-midi à me promener dans les quartiers que j’avais préférés, à visiter une nouvelle fois les boutiques de souvenir pour me faire offrir mon repas et pour acheter le traditionnel omiage, un souvenir comestible qu’il est de bon ton de ramener à ses collègues après un voyage.

Une réflexion sur « Kyoto, l’âme du Japon »

  1. Super culture japonaise ça doit vraiment être fou!
    Je sens bien un exo de colle sur les 15 pierres qu on ne voit jamais en même temps.
    Le plancher rossignol existe donc! Ils en parlent dans « le clan des otori » que j avais lu au collège!
    Bravo, au nom du club gros, pour la free food. Si le cof nous en donne les budgets, on organisera un weekend dans cette rue.

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