Le pays rentre par les pieds

Du 14 au 27 mars.

Je me suis fixé comme objectif de publier un article toutes les deux semaines et ce rythme semble plutôt adapté : j’ai plein de chose à raconter !

Il y a deux semaines je suis allé une nouvelle fois chez mes cousins : c’est quand même bien sympa d’avoir de la famille pas loin.
J’en ai profité pour leur faire découvrir et découvrir avec eux le shogi, l’équivalent des échecs au japon. Le principe est le même, il faut mettre le roi mat, mais il y a aussi quelques différences : les pièces prises à l’ennemi peuvent être redéployées ce qui fait que le plateau n’est jamais vide et les pièces peuvent être promues ce qui change leurs mouvements. Dans l’ensemble c’est plutôt marrant et ça renouvelle bien l’expérience du jeu d’échecs, à exporter !
On est aussi allé visiter le Nippon Maru, un superbe quatre mats qui sert de bateau musée. A vrai dire il n’a pas grand chose de purement japonais, mais la visite n’en était pas moins passionnante, et j’avoue que j’en aurai bien fait mon lieu de résidence !
Ça permet aussi de découvrir l’aspect portuaire de Yokohama, un des premiers port à s’être ouvert sous la pression occidentale. C’est d’ailleurs le lieu où cette pression c’est exercée en premier avec l’expédition du commodore Perry et ses canonnières. Encore maintenant c’est un des plus grands ports du monde et le trafic y est impressionnant.

Le Nippon Maru, sublime quatre mats dans le port de Yokohama.
Le Nippon Maru, sublime quatre mats dans le port de Yokohama.

Un peu plus tard dans la semaine avait lieu un déjeuner avec le doyen de la faculté de science et les étudiants et professeurs étrangers à Hongo, le campus principal de l’université. Comme ce campus est relativement loin de Kashiwa, l’endroit où j’habite et où je travaille, j’ai pris ma journée pour y aller, m’accordant une pause tourisme en plein milieu de la semaine. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai inauguré ma nouvelle façon de faire du tourisme qui en plus d’être économique permet de vraiment connaître une ville. Le principe est simple : le moins de transport en commun possible et le maximum à pied.
Ça permet de découvrir des petites merveilles comme ce temple tout prêt de l’université.

Un joli temple de quartier, avec ses plaques mystérieuses.
Un joli temple de quartier, avec ses plaques mystérieuses.
Le jardin du temple avec une tortue qui bronze.
Le jardin du temple avec une tortue qui bronze.

Comme c’est fréquent au japon, le temple est en plein milieu de la ville et il y a toujours pas mal de monde qui s’y promène. Il faut dire que c’est assez agréable, avec le petit jardin toujours impeccable et paisible, habité par une tortue.
Autour du temple il y avait aussi des sortes de cloisons sur lesquelles étaient accrochées des plaques de bois décorées d’un animal peint, un mouton ou un taureau la plupart du temps et avec quelques mots inscrit. Là encore je ne sais pas trop ce que c’est, j’enquête !
Il faut maintenant que je vous parle un peu du campus de Hongo parce qu’il est vraiment sublime ! Et puis c’est aussi la première image que j’avais de Todai avant de préparer mon stage.

Un des portes d'entrée, ça en jette !
Une des portes d’entrée, ça en jette !
L'auditorium Yasuda, le batiment emblématique de l'université.
L’auditorium Yasuda, le bâtiment emblématique de l’université.

Parmi mes coins préférés de l’université et sans doute de Tokyo il y a le petit étang en plein cœur du campus. On a vraiment l’impression d’être sorti de Tokyo et d’être en pleine forêt, avec un chemin de terre qui en fait le tour parsemé de gros rochers et entourés d’arbres, alors que dans la plupart des coins de verdure des villes japonaise les allées sont goudronnées.

Mon étang préféré, au milieu du campus.
Mon étang préféré, au milieu du campus.

Le déjeuner lui-même était vraiment sympa, c’était l’occasion de rencontrer les autres étudiants étranger, quelques uns en master d’autres en doctorat mais pas un seul en stage : le concept de stage n’est pas du tout dans la mentalité japonaise apparemment. L’occasion aussi de parler français, avec un astronome italien ou un étudiant suisse, voire encore un étudiant chinois qui s’initie au français avec une méthode dont l’un des personnages s’appelle Benoît !
On a aussi eu droit à un discours qui se terminait en nous exposant les trois ingrédients de la réussite : work hard, make friends et Kyai.
Mais enfin, ce qui a parlé à mon âme de normalien : free food !
Sur le chemin du retour je suis passé par un marché où l’on vendait toutes sortes de poissons mais aussi du poulpe ou du calmar séché, et toutes sortes d’autres choses.

Le week-end suivant j’ai mis en œuvre à plus grande échelle ma nouvelle méthode de tourisme. Je suis parti le samedi en début d’après midi pour Tokyo et j’ai marché. Mon premier objectif était les jardins du palais impériale mais comme ce n’était pas exactement à coté de l’endroit où le train de Kashiwa m’avait déposé j’ai du traverser plusieurs quartier de Tokyo. D’abord Akihabara, la « ville électrique » en y faisant quelques arrêts pour visiter les magasins de figurines, T-shirt et autres produits dérivés de l’univers du manga. Ensuite Nihombashi le quartier d’affaires avec ses gratte-ciel. Enfin le palais impérial.
Je ne sais pas si c’est parce qu’il était trop tard, parce que j’étais mal renseigné ou si c’est voulu, pour préserver l’intimité de la famille impériale mais je n’ai pas pu ne serait-ce qu’apercevoir le palais proprement dit. En revanche les jardins se visitent et ils sont immenses, ils couvrent une très grande surface entourée par de larges douves en plein cœur de la ville. D’énormes murs de pierre forment plusieurs enceinte au milieux des plantes et on y trouve des vestiges de l’histoire du gouvernement, notamment les fondations d’une pagode immense qui servait de château à un shogun avant d’être brûlée. C’est sublime mais à vrai dire un peu décevant, peut être parce que les portes ont fermée avant que j’ai vue les partie intéressante mais je crains que ces parties là soient fermées au public. Pas grave, ma balade continue.

L'entrée des jardins du palais impérial
L’entrée des jardins du palais impérial

J’ai ensuite fait le tour du palais en visant un temple pas trop loin. En chemin je suis passé devant ce qui ressemblait à une arène pokemon, et de fait je n’étais pas loin puisqu’en entrant j’ai pu assister à la fin d’un combat de judo.
Au bout de quelques pas j’arrivais à mon temple : le Yasukuni-jinja. J’ai appris un peu plus tard qu’il s’agissait d’un lieu très controversé puisque c’est ici qu’on honore ceux qui sont morts au combat pendant la seconde guerre mondiale parmi lesquels sont plusieurs criminels de guerre de premier plan. Tout ça n’empêche pas au temple d’être magnifique, notamment ses jardins là aussi. Je profite du énième temple dont je vous parle pour évoquer le rituel de la prière shinto d’après ce que j’ai pu observer. Le fidèle se tient droit, il s’incline une première fois puis une seconde puis il tape dans ses mains. Certains répètent le rituel plusieurs fois.

Le temple controversé Yasukuni-jinja.
Le temple controversé Yasukuni-jinja.
Les jardins du temple, je ne m'en lasse pas !
Les jardins du temple, je ne m’en lasse pas !

Je suis sorti du temple alors que le jour commençait à baisser. Je me suis donc dirigé vers Harajuku, quartier réputé pour être le centre de la mode et de la culture des jeunes japonais et où j’avais prévu de dîner. Sur ma route j’ai pu voir Le palais d’Akasaka, résidence des dignitaires en visite au japon et dont le style fait un peu penser à Versailles un poil plus kitch, et la résidence du prince héritier très lourdement gardée.
Il faisait nuit quand je suis arrivé à Harajuku. En suivant une allée piétonne bordée de petites maisons assez mignonnes je suis arrivé à mon restaurant spécialisé dans les okonomiyaki. Il s’agit d’une patte composée principalement d’œuf et de choux dans laquelle on rajoute toute sortes de choses. Dans mon cas c’était : porc, crevettes, calmar, oignon et champignons. On mélange bien sa patte puis on l’étale sur la plaque chauffante incrustée dans la table, là dans mon cas j’ai mis mes trois tranches de bacon, puis on retourne, dans mon cas on y ajoute un œuf au plat, on recouvre ça de sauce et de poisson séché et c’est prêt. Là aussi c’est à exporter.

Un okonomiyaki, un super plat à exporter.
Un okonomiyaki, un super plat à exporter.

Pour la suite de la soirée j’avais prévu de visiter Shinjuku et notamment le Kabuki-cho, quartier chaud de la ville. J’aurai du m’en douter mais en fait quartier chaud ça veut dire quartier glauque donc je ne me suis pas éternisé, juste le temps qu’on me propose trois fois les services d’une prostituée. Je suis plutôt allé voir le Golden-Gai, à deux pas. C’est un petit dédales de ruelles étroites rempli de bar minuscules. Il doit y en avoir une petite centaine et chacun ne peut accueillir que six à dix personnes. On y boit directement au comptoir, avec l’ambiance intime qui va avec. Malheureusement c’est un public d’habitué et très peu sont ouverts aux étrangers.

Golden-gai, dédale de ruelles pleines de bars minuscules.
Golden-gai, dédale de ruelles pleines de bars minuscules.

À ce point de ma journée j’avais entre 20 et 25km de marche dans les pattes, un gros okonomiyaki dans le ventre et toutes sortes de choses dans les yeux. Je me suis donc résolu à aller dormir.
Et quoi de mieux pour ça que de tester l’hôtel capsule ! C’est la solution que prennent beaucoup de japonais qui finissent leur journée trop tard pour rentrer chez eux . On y dort dans de petites capsules : 1,9m de long, 1m de large et 0,9m de haut. Étonnamment ce n’est pas si inconfortable que ça.
Il faut dire aussi que l’hôtel met à la disposition des clients des bains à la japonaise : il s’agit d’une grande salle entourée de lavabos placés assez bas dans lesquels on se lave (nu et en public évidement) avant d’entrer dans le grand bain au milieu où l’on s’assoit pour avoir de l’eau très chaude jusqu’au cou. L’hôtel proposait aussi un bain à l’air libre, un sauna, des massages et pas mal d’autres truc.
Un détail amusant : comme dans la plupart des endroit où l’on se baigne au Japon, l’hôtel était interdit aux personnes portant un tatouage. Il s’agirait d’une mesure pour interdire l’accès aux yakuza.

Ma capsule. On y dort relativement bien mais je ne suis pas sûr de réessayer.
Ma capsule. On y dort relativement bien mais je ne suis pas sûr de réessayer.

Dans les jours qui ont suivi, l’université fêtait les graduations, ce qui fut l’occasion de nombreuses beuveries et d’ailleurs la prochaine est prévue pour dans quatre heures à l’instant où j’écris ces lignes. Lors de ces nomikai (beuverie avec les collègues de travail) on boit principalement de la bière ou des cocktails assez légers mais en quantité formidable et tout le monde à rapidement un coup dans le nez, professeurs y compris. D’ailleurs les professeurs sont les premiers à resservir ceux dont le verre est vide. A coté de ça l’alcool est interdit avant 20 ans et il est interdit de conduire dès la première goutte, même un vélo.

Mes articles sont de plus en plus long et ça risque de continuer : mon programme pour les deux prochaines semaines est chargé !

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