Portraits impossibles de logis

Ces grandes façades muettes et mystérieuses, pour toujours impénétrables. Ces grandes cloisons opaques qui dissimulent du regard. Ces visages fermés dont la porte vient redoubler la fermeture. Ces excuses, ces refus, ces refoulements : ne pas entrer, ne pas entrer, ne pas voir ! Alors, vous, les murs, qui tenez debout, malgré tout, malgré le monde et malgré nous ; vous, les murs, à la fois inhospitaliers et protecteurs … dîtes-nous quelque chose ! Ou qu’on vous fasse parler. Nous voulons com-prendre l’invention de vos pré-textes.

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Esquisse (un peu) plus précise

Rater un projet et en rendre compte : l’idée était au départ de prendre en photo des habitantes et habitantsde la Creuse dans leur pièce favorite, pour interroger la possibilité de mettre en scène l’espace intime (intimus : ce qu’il y a de plus intérieur) … mais à chaque fois, on s’est heurté à des refus, avec différentes excuses, à la fois vraies et fausses.

Les murs demeurent donc, quand bien même la porte est ouverte, quand bien même la politesse rend l’échange chaleureux. On ne passe pas le seuil, la frontière persiste, indélébile : l’œil ne s’introduira pas (sans parler de l’appareil photo – instrument voyeuriste par excellence).

La seule image qu’on pourra saisir, c’est celle d’une façade de maison dont les volets rouges sont fermés, dont la porte est close.

Et sur les papiers froissés, si on ose les saisir et les ouvrir, on pourra y lire tous les prétextes (véridiques !) qu’on aura pu nous dire, pour empêcher à notre regard de s’introduire.

Ce qui est donc mis en scène ici, c’est cette impossibilité-là : un mur de briques qui reste debout, envers et contre tout. Un point c’est tout.

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