Le monde passe, le monde traverse. Car si les cloisons manquent, la maison respire ! Non, cet espace n’est pas vacant, cet espace n’est pas éteint ni même informe, bancal ou mutilé. Cette maison, notre maison – la maison des vivant-e-s, elle vit, elle appelle, elle invite à entrer, à passer, à s’installer, à demeurer, à s’occuper, à modifier, à trouver ses marques ou à se les inventer. S’introduire, s’investir et se blottir – mais jamais tout-e seul-e. Se blottir – ensemble. C’est que, le plus concrètement du monde, la maison des vivant-e-s con-vit et fait con-vivre. Alors bienvenue, bienvenue chez vous.
Esquisse (un peu) plus précise
Habiter un endroit, c’est refuser de subir l’espace, c’est l’investir (proposition de définition pour le verbe investir : mettre de sa personne). Alors, l’espace a été investi.
Nous sommes resté-e-s, nous nous sommes blotti-e-s, nous avons occupé de la place et laissé des traces, beaucoup de traces : nous nous sommes fait-e-s habitant-e-s (surtout dans le salon – pièce maîtresse de la composition).
Nous avons consommé (manger, boire des bières, faire du thé, brûler des bougies, tacher la nappe, manquer un incendie généralisé), nous avons utilisé (s’asseoir sur le canapé, les sièges, les poufs, se servir du mp3, lire des livres choisis dans la petite bibliothèque, dormir sur le lit), et nous avons créé, au fil des carnets et sur les cordes de la guitare : nous sommes entré-e-s dans le tableau, nous nous y sommes jeté-e-s, le cœur battant. Et la maison est devenue vivante.